Mardi 29 juin : de la baie de Saint Brieuc à la côte d'émeraude

Il....pleut !! non !  Si  !  En fait, le dicton, ce n'est pas :  "En Bretagne, il fait beau plusieurs fois par jour." , mais c'est plutôt : " En Bretagne, il pleut plusieurs fois par jour."  Bon, c'est vrai qu'en ce moment, il pleut un peu partout en France!! Je suis content de ne pas avoir eu de grêlon .

 Et rassurez vous, j'ai mangé hier soir, et même découvert , après quelques kilomètres en vélo, le kouign-amann, spécialité bretonne que j'ai failli ratée, pâte à pain, feuilletée, avec du beurre et du sucre qui caramélisent, un mélange de moelleux et de croustillant!!  Ca se mérite ! Le matin, souvent, je me réjouis en pensant à ce que je vais manger le soir !!

Au nom bien porté : sable fin, pins odorants, ça fait rêver ! Je m'arrêterais bien quelques jours ! et il fait soleil sur le cap Fréhel !Un pauvre qui finit sa vie hors de l'eau ! Chaque homme renferme en soi un monde à part.
Petite halte à Dinard aux belles maisons 'belle époque'  en attendant la navette qui va me faire traverser l'estuaire de La Rance, et arriver à Saint Malo . Au large, les îles anglo-normandes, Jersey, Guernesey...
Saint Malo, principal port de la Bretagne nord, entièrement ceinte de remparts, fortifiée, ainsi que plusieurs îlots dans la baie, par Vauban, patrie de Jacques Cartier, le découvreur du Canada, de Surcouf, corsaire et qui fut l'un des derniers armateurs à pratiquer le 'commerce triangulaire', de Châteaubriand enterré devant St Malo dans l'îlot de Grand Bé... Saint Malo, son château construit par les ducs de Bretagne, sa vieille ville détruite à 80/100 à la libération, bombardée par les Alliés, et dont certains bâtiments ont été reconstruits à l'identique, avec les vieilles pierres récupérées, numérotées et réutilisées... Et ..la 'route du rock', la 'route du rhum', le 'quai des bulles' et 'Etonnants voyageurs', la transat Québec/ St Malo, le festival 'folklores du monde', et le grand aquarium...
Plein de belles choses à voir en ville, pas mal de monde,  mais je ne peux pas laisser mon vélo seul . Je trace à travers les ZAC et les ZI pour enfin me poser dans un camping et grignoter un truc acheté dans un fast-food ): Pas de kouign-amann ce soir!!  75 km, 1010 m. de dénivelé, 5h 

Puisque je vais la quitter- à regret - voici un petit résumé de l'histoire de la Bretagne tiré d'un article de Géo :

Il était une fois un duc... Ah non, c'est pas celle là ...

Donc:
D'abord terre de paysans, la Bretagne se tourne vers la mer à la fin du XVème siècle. Le vaste océan qui borde les terres armoricaines était surtout une source d'inquiétudes. Et pour cause, les hordes de vikings, qui avaient déferlé sur les côtes aux alentours de l'an mille, avaient marqué les esprits pour longtemps. A la fin du XVème siècle,, les Espagnols et les Portugais qui depuis des millénaires, concentraient leurs échanges en Méditerranée, se projettent dans l'inconnu atlantique. La péninsule va alors elle aussi entamer son 'aventure mondiale'. Cette ouverture s'est faite progressivement. Au Moyen Age déjà, quelques paysans s'adonnaient à la pêche côtière, pour satisfaire la consommation locale. D'autres cabotaient le long des côtes pour vendre ou troquer leurs denrées: poissons, sel, viande, céréales... A la fin du XIVème siècle, les pêcheurs commencent à s'aventurer jusqu'au golf de Gascogne, ou à monter jusqu'en Manche. Certains se mettent à naviguer à temps plein. Un siècle plus tard, ces marins( environ 5 000 sur 1,25 million habitants du duché*) manœuvrent plus de 2 000 navires de commerce, dont la taille modeste est compensée par l'intense activité. De plus gros bateaux poussent jusqu'à Lisbonne, Londres, Anvers, la Baltique. En 1497, après la découverte des 'grands bancs' au large de Terre Neuve, une cinquantaine de ports se lancent dans le commerce lucratif de la morue. De retour du Canada, les navires passent par Gibraltar pour vendre ce poisson en Andalousie, en Provence, dans les états pontificaux. Puis ils chargent des produits méditerranéens (alun, marbre, étoffes, fruits, vins...) A la fin du XVI -ème siècle, la Bretagne compte 130 ports actifs. L'union avec la France en 1532 * s'est assortie d'exemptions fiscales.
Le dynamisme agricole est aussi un atout. L'intérieur des terres fournit chevaux, bœufs, porcs et bovins, sel, peaux tannées, beurre, céréales, légumineuses, vins-de Nantes-ainsi que des toiles de lin/vêtements et de chanvre/voiles et ballots.
Mais à partir du XVIIème siècle, les manufactures s'effondrent suite à la guerre de 30 ans et de nouvelles taxes sur les échanges commerciaux, puis l'économie protectrice menée par Colbert et l'embargo contre l'Angleterre. La concurrence des transporteurs hollandais, puis anglais qui se dotent de bateaux d'un tonnage bien plus important, inadaptés aux ports bretons en eau peu profonde (à cause de la marée) va plonger le paysan breton dans une situation de pénurie à laquelle une grande partie d'entre eux n'échappera pas pendant plus de 2 siècles. La révolte antifiscale des "bonnets rouges" en 1675 signe la fin de cet âge d'or.. ..

* La Bretagne était un duché féodal très convoité par ses puissants voisins, le royaume de France et le royaume d'Angleterre. La duchesse Anne de Bretagne, 'duchesse en sabots' , ( 1477- 1514) se verra 'amenée' au mariage avec Charles VIII, puis avec Louis XII, et le duché deviendra petit à petit une province du royaume de France.

Maintenant, je vais revoir ma Normandie...

Lundi 28 juin :

Je vous ai quittés vendredi sur l'île de Batz au large de Roscoff. Me revoilà sur terre et sur mon vélo ! et chargé à bloc  :) 

Une pause dans un bistrot pour un petit casse-croûte et regarder à la TV le départ de la première étape du Tour de France. Tiens, ce pont, j'y étais il y a qqs jours!
Et me voilà piéton ! , automobiliste !  avec Dominique Ho Dac qui , de Lannion où il m'attendait avec sa femme Sabine, me fait découvrir la côte de granite rose, tout autour de Peros-Guirec. La côte est magnifique, parsemée d'amas chaotiques énormes qui ressemblent à de gros animaux indolents et paisibles . J'en prends plein les yeux, plein les poumons, même si je trouve cette nature puissante et sauvage par trop rude à l'humain. Un peu la même sensation qu'en haute montagne...